Valorisation Le foin est séché en appoint avec des plaquettes de bois
Le Gaec des Futaies, à Yzernay, dans le Maine-et-Loire, recourt au séchage en grange en récupérant des calories du toit. Le complément de chaleur est fourni par un générateur d’air chaud, alimenté par des plaquettes provenant des 18 kilomètres de haies bocagères de la ferme.
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C’est au printemps 2023 que Martine Reulier et son fils Fabien ont inauguré leur installation de séchage en grange. Tous deux sont associés en Gaec, à Yzernay, dans le Maine-et-Loire, un secteur très bocager. Ensemble, ils élèvent 80 vaches jersiaises en agriculture biologique. « Nous sommes autonomes sur le plan alimentaire, souligne Fabien. La ration des animaux est principalement basée sur le pâturage pendant environ les deux tiers de l’année. Le reste du temps, les vaches sont nourries avec du foin, des betteraves fourragères, du maïs grain et des protéagineux produits sur la ferme. Dans les prairies, nous cultivons beaucoup de mélanges suisses à base de trèfles blancs ou violets, ray-grass, fétuque… »
Une majorité des parcelles est destinée au pâturage dès le printemps, puis l’éleveur en choisit certaines pour réaliser deux, trois ou quatre coupes en fonction de la pousse de l’année. Le séchoir permet de valoriser au mieux ce foin en le récoltant au bon stade, sans perte de qualité.
Ressource énergétique à disposition
La particularité de l’exploitation est de disposer d’une grande ressource énergétique fournie par le bois de bocage. Les parcelles du Gaec sont en effet entourées d’un linéaire de 18 km de haies contenant de nombreux chênes. Des haies régulièrement entretenues et exploitées pour, notamment, une chaudière à plaquettes dans la maison des parents, et pour la vente auprès de la société coopérative à intérêt collectif (SCIC) Maine-et-Loire Bois Énergie. Cette structure départementale, qui regroupe une centaine d’agriculteurs, valorise les plaquettes dans des chaufferies locales ou sous forme de paillage vendu à des paysagistes. Utilisant toutes les ressources fournies par ses arbres, le Gaec des Futaies s’approvisionne en retour auprès de la SCIC en fines de bois. Il s’agit des résidus de petits calibres issus du criblage des plaquettes lors du processus industriel. La fine constitue un excellent asséchant pour l’entretien des logettes. Avec ce bois à disposition sur la ferme, il était logique d’opter pour un brûleur d’appoint alimenté par des plaquettes.
Sur les conseils de l’association Segrafo Ouest (lire l’encadré), le Gaec a réalisé les plans de son séchoir en l’accolant à la stabulation existante, le long du couloir d’alimentation.
Automate et sondes de température
Le nouveau bâtiment mesure 54 m de longueur par 16 m de largeur, avec une hauteur de 9 m au niveau de la gouttière. Il abrite trois cases de 140 m² chacune, destinées au séchage et au stockage du fourrage en vrac. Une griffe à foin de marque Auer est installée sous la charpente. Elle circule sur toute la longueur et la largeur du hangar et permet d’entasser jusqu’à 5,50 m de fourrage dans chaque case. Le Gaec a prévu une quatrième case, plus petite, pour sécher le maïs grain de l’exploitation ou des plaquettes de bois.
Le bâtiment compte aussi un local de ventilation où arrive l’air chaud avant d’être renvoyé dans les cases. Des plaques d’OSB ont été fixées sous l’intégralité de la charpente pour former des coffres de circulation. En journée, l’air extérieur rentre dans ces coffres à une extrémité du toit et se réchauffe naturellement en circulant sous les tôles en acier. À l’autre extrémité du séchoir, l’air chaud est aspiré vers le local de ventilation et dispatché dans les cases de foin via une gaine souterraine.
Le générateur d’air chaud prend le relais
Le fonctionnement des ventilateurs et l’ouverture des volets de répartition sont pilotés par un automate placé dans un local technique adjacent. Un variateur de fréquence sert à moduler le flux du ventilateur selon la demande de chaleur. Le système intègre aussi quatre sondes de température situées à l’intérieur et à l’extérieur du séchoir.
La nuit et les jours peu ensoleillés, le générateur d’air chaud au bois déchiqueté prend le relais. Pour des raisons de sécurité, il a été placé à une quinzaine de mètres du bâtiment, sur une plateforme bétonnée et entourée de murs qui sert aussi de silos pour les plaquettes. Le matériel, d’une puissance de 490 kW/h, a été fourni par la société espagnole Villoria Otero. Il comprend une vis de reprise, plongée dans le tas de plaquettes, qui alimente une petite cuve de stockage tampon. De là, le bois est envoyé vers le foyer de combustion par une seconde vis qui se déclenche à la demande, selon la température voulue. L’air frais entre par le côté de l’installation et circule dans un échangeur air/air qui récupère les calories émises par les fumées. Une fois chauffé, cet air est ensuite envoyé via une gaine enterrée jusqu’au local de ventilation du séchoir. L’allumage du foyer se fait manuellement en début de saison.
Il peut ensuite rester en veille même quand il n’y a pas de foin à sécher. L’entretien du générateur d’air chaud est assez restreint : évacuation des cendres et nettoyage des tuyaux de l’échangeur pour éliminer les dépôts dus aux fumées. « Cela prend quelques minutes, et je le fais généralement deux fois par semaine, précise Fabien Reulier. En une nuit, le brûleur consomme entre 8 et 10 m3 de plaquettes. L’an dernier, pour un total de 350 tonnes de foin et 50 tonnes de maïs grain, nous avons utilisé 150 m3 de plaquettes bois. L’organisation est bien rodée. Après fauchage, le foin reste souvent deux jours au champ. L’objectif est de le rentrer aux environs de 60 % de matière sèche. C’est le bon compromis pour profiter de la dessiccation naturelle au champ sans risquer de perdre trop de feuilles. Nous utilisons l’andaineur à tapis de la Cuma, et la récolte est faite avec notre autochargeuse. Généralement, nous avons besoin d’un quart d’heure pour la remplir et revenir à la ferme. Le fourrage est déposé sur la table d’alimentation. De là, je le reprends à la griffe pour l’étaler en couches homogènes dans les cases. »
Le Gaec livre son lait à la laiterie Gaborit de Maulévrier. Cette petite structure familiale emploie une cinquantaine de salariés et s’approvisionne en lait de vache auprès de huit exploitations du secteur. Toutes ces fermes n’élèvent que des jersiaises. La laiterie applique le cahier des charges Bio Cohérence, plus restrictif que le label bio standard. Le recours aux aliments fermentés, comme l’ensilage, est par exemple proscrit. Fabien et Martine Reulier produisent aussi du maïs grain qui est séché dans la quatrième case du séchoir. Les associés ont prévu de faire évoluer leur installation dans les mois à venir. « Le générateur et la zone de stockage des plaquettes seront prochainement couverts, notamment pour protéger le matériel et le silo de la pluie, explique Fabien. Sur le toit du séchoir, tout le pan exposé au sud va aussi être équipé de panneaux photovoltaïques qui remplaceront les tôles acier. Le rendement thermique pour réchauffer l’air destiné au séchoir sera maintenu et la production d’électricité sera autoconsommée, avec une revente des excédents. En principe, les panneaux couvriront les besoins journaliers du séchoir en électricité : un pas supplémentaire vers l’autonomie énergétique. »
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